[Chronique Expat] L’expat, anthropologue malgré lui

J’aurais adoré être anthropologue. A l’université, j’ai fait 4 ans d’études en socio-anthropologie et elles ont été les plus belles années intellectuelles de ma vie. Cela a influencé ma manière de voir le monde, d’interagir avec lui et avec les gens, peu importe qui ils sont et d’où ils viennent. Cela m’a fait développer un sens profond de l’observation et une fascination pour les différences culturelles. L’anthropologie, l’étude des cultures humaines (souvent aussi appelée “ethnologie”, et très proche de la sociologie, j’ai trouvé un article très bien qui explique la différence entre toutes ces disciplines), est une ouverture sur le reste du monde dont on ne ressort jamais indemne. Je dis souvent que c’est une discipline qui devrait être enseignée dès l’école primaire de manière obligatoire. Imaginez la tolérance et l’ouverture sur le monde que cela pourrait apporter à davantage de citoyens en herbe.

Grâce à l’anthropologie, on apprend à voir, penser et agir par le biais de normes culturelles qui ne sont pas les nôtres, par les yeux des autres. L’objectivité est difficile, bien entendu, puisque l’on arrive au chevet de cette “autre” culture que l’on observe avec nos propres bagages culturels et préjugés. Mais l’anthropologie vous force à voir un sujet ou une culture que vous pensiez connaître sous des angles inédits auxquels vous n’aviez pas pensé. Cette culture peut être lointaine et très différente de notre culture d’origine (les Papous de Nouvelle-Guinée, dont l’étude des rituels m’avait fascinée). Mais on peut aussi trouver quelque chose de fascinant à observer dans des cultures ou sous-cultures très proches de la nôtre (il existe des livres d’anthropologie ou de sociologie passionnants sur les hommes qui pratiquent le métier d’infirmier, les fans de football ou d’Elvis Presley ou encore l’aristocratie française). Tous ces gens, nous pouvons les côtoyer au quotidien, de près ou de loin. Mais ce que nous dit l’anthropologie, c’est qu’ils constituent également comme une “tribu”, un petit groupe humain à étudier comme on étudierait une tribu lointaine. J’ai toujours trouvé ce message profondément vrai, et important : nos sociétés contemporaines aussi peuvent être vues comme “exotiques” au point que nous souhaitions les étudier comme des contrées lointaines. L’exotisme, la différence culturelle n’est qu’une question de point de vue, de comment nous souhaitons ajuster l’objectif sur ce que nous observons. En zoomant très loin de chez nous, ou à l’inverse là même d’où nous venons. Tout est digne d’être étudié au microscope, un peu comme on étudierait une fourmilière.

J’ai quelques temps considéré un doctorat en socio-anthropologie du monde contemporain (je voulais étudier les Républicains aux Etats-Unis, sur le terrain), et puis finalement j’avais trop soif d’aventure et de pouvoir vivre là où je le voulais quand bon me chantait. Je ne regrette pas mon choix : être anthropologue aurait été un magnifique métier, mais je ne possède pas la rigueur universitaire et intellectuelle nécessaire à cette vocation. Et puis je me rends compte que malgré moi, je suis devenue anthropologue, à ma manière. En partant vivre à l’étranger, je me suis retrouvée en situation d’observation participante dans de nombreux pays. J’ai eu à décoder des normes culturelles étrangères, à apprendre de nouvelles langues. J’ai dû adopter des habitudes et coutumes étrangères. Les américains, les portugais, les anglais ou les irlandais et tous leurs petits sous-groupes culturels se sont retrouvés, sans que je ne l’anticipe vraiment, à être disséqués dans la grille d’analyse de ma vie.

 

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👋🏼 Juste un petit hello avant de sortir, pour une fois que je sors de ma tenue ultra confort de freelance qui travaille de la maison (leggings + gros pull en laine forever) ! Ce soir je fête un anniversaire et comme souvent quand c’est le cas je porte… du noir ! Mon mari britannique me dit que c’est « très français » de porter du noir quand on veut être chic. Pourtant j’aime plein d’autres couleurs mais c’est vrai que j’en reviens souvent au noir, surtout pour les grandes occasions. C’est quelque chose que vous avez remarqué là où vous vivez ? Les gens portent-ils plus de couleurs ? #workingfromhome #freelancelife #freelance #soirée #robedesoiree #petiterobenoire #cesoir #francaisaletranger #french #vieexpat #blogexpat #francaisauuk #francaisenirlande #expatlife #expatriation #expatriate #expatexplore #lalleedumonde #gabriellenarcy #expatrié #expatlife #livingabroad

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En vivant à l’étranger, on apprend une multitude de choses incroyables sur le pays où l’on pose ses valises (non sans quelques gaffes culturelles ou moments difficiles au passage !). Et puis on se rend compte que l’on commence également à analyser la culture d’où l’on vient, cette culture qu’on avait du mal à percevoir comme “autre” ou “étrangère”, car nous y sommes nés. Nous devenons à la fois anthropologues de notre nouveau pays, et de notre pays d’origine. On développe la capacité à parler différentes langues et langages culturels. On développe également cette responsabilité, en quelque sorte, de favoriser l’ouverture culturelle, de montrer que l’on peut appartenir à plusieurs cultures à la fois sans pour autant avoir à choisir. C’est ce message que je souhaite porter avec L’Allée du monde. Expatriés, immigrés, peu importe comment vous vous définissez, vous qui avez choisi de vivre entre plusieurs cultures et pays : portez fièrement le flambeau d’un monde qui s’ouvre, tandis que l’autre moitié semble résister et vouloir se refermer. Montrez au reste du monde, tel un anthropologue, que l’on peut observer, comprendre, et souvent même vivre ensemble. Je passes des heures à lire des blogs expats, à discuter avec vous sur les médias sociaux ou par messages privés de vos vies à l’étranger. Ce sujet ne cesse de me fasciner et de m’inspirer, et je réalise que vous êtes tous devenus, à votre manière, des anthropologues malgré vous. J’adore comprendre la manière dont vous observez et intégrez votre culture d’adoption, tous d’une manière unique et différente. Je trouve ça beau, ces millions de francophones qui vivent partout dans le monde et portent en leur sein une identité multiple. C’est le monde dans lequel j’aime vivre.


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Un projet de vie expat ou un changement de vie professionelle en vue ? Je suis disponible pour vous aider dans votre projet de vie à l’étranger, quel qu’il soit, et propose des séances d’aide et de discussion par Skype. Je propose également des cours d’apprentissage de l’Anglais de tous les jours, ou relatif à votre domaine professionnel. Pour en savoir plus, rendez-vous sur ma page de contact !

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2 Commentaires

  • Hello Gabrielle,
    C’est un formidable article que tu nous donnes à lire ici. Une petite pépite de clairvoyance et d’authenticité.
    Je me retrouve totalement dans la peau de l’anthropologue et je te rejoins totalement sur cette ouverture à la compréhension de l’Autre avec un grand A.
    C’est toujours un plaisir de te lire et de te suivre.
    A très bientôt.
    Hélène

    • Bonjour Hélène, merci beaucoup pour ce commentaire qui me va droit au coeur ! Je sais que nous partageons cette passion pour les sciences humaines, alors je suis très touchée que cet article te plaise… En effet, il est venu du coeur, sans qu’il soit vraiment prévu ! A très bientôt 🙂 Gabrielle

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