Tabou : j’ai vécu à l’étranger sans apprendre la langue du pays

Apprendre une langue

Partir vivre à l’étranger et voyager vous plonge parfois dans des situations inattendues qui viennent bousculer vos habitudes, et révéler des traits de votre personnalité dont vous ignoriez l’existence. C’est ce qui m’est arrivé lorsque je suis partie vivre et travailler au Portugal de manière soudaine, pendant un an et demi.

Je relate dans cet article une expérience que j’ai vécue, liée à l’expatriation, qui ne raconte ni un drame ni une situation très douloureuse, mais qui m’a suffisamment déstabilisée pour que je décide de retourner vivre en Angleterre (même s’il ne s’agissait pas de mon unique raison de quitter le Portugal, cela y a beaucoup contribué). J’ai pensé que cette anecdote pourrait être utile à ceux qui décident de partir vivre dans un pays dont ils ne parlent pas la langue.


Les mots et la culture

La langue (française) et les langues (vivantes en générale) sont des choses très importantes pour moi. Lorsque j’ai commencé à vivre aux Etats-Unis, puis en Angleterre, j’étais obsédée par le fait d’améliorer mon Anglais, chaque jour, par tous les moyens possibles (je partage d’ailleurs dans cet article toutes les techniques que j’ai utilisées). J’ai travaillé dur et sans relâche, pendant près de 10 ans, pour parler le meilleur Anglais possible, en comprendre la grammaire, savoir utiliser les expressions et intonations qui font de vous, même si jamais un natif, un étranger qui s’intègre plus facilement au sein de son pays d’accueil en montrant un intérêt profond pour sa culture. Cela représente beaucoup de travail, mais n’a jamais paru être une corvée, car j’ai une passion innée pour la langue anglaise. L’Allemand, appris au collège, a aussi été une langue que j’ai adoré pratiquer, et dans laquelle j’avais fini par atteindre un bon niveau à l’oral après plusieurs séjours dans le pays (avant d’en oublier la quasi totalité par manque de pratique). Lorsque j’ai déménagé au Portugal, je n’avais aucune notion de Portugais. L’Espagnol ou même l’Italien, très proches du Portugais, me sont également inconnus, car je suis plutôt naturellement attirée par les pays nordiques et anglo-saxons. Je n’ai jamais été attirée par les langues latines (à par le Français, bien entendu !), ni les pays chauds (pour rire, j’ai d’ailleurs écrit un poème à ce sujet, appelé “Fille du Nord”). Le Portugal me faisait rêver depuis des années comme une destination de vacances, mais pas comme une destination où vivre.

Des débuts difficiles

Moi qui me suis toujours perçue comme une voyageuse curieuse, qui aime les langues et ouverte au monde, j’ai rapidement été vue au Portugal comme une expat fainéante qui ne cherchait pas à apprendre la langue de son pays d’accueil. Cela a été une image difficile à assumer. Un peu comme de me regarder dans un miroir et de ne pas reconnaître la personne que j’y voyais. Au bout du compte, le fait que je ne parle pas le portugais et que cela aille à l’encontre de valeurs profondes que j’ai développées au cours des années a contribué au fait que je ne puisse pas me voir rester dans ce pays sur le long terme. J’ai vite compris qu’au fond de moi, je n’avais pas vraiment envie d’apprendre le Portugais. Je n’avais en rien anticipé cet élément lors de mon déménagement au Portugal, puisque le fait d’apprendre une nouvelle langue avait fait partie intégrante de ma décision de partir vivre dans ce pays. J’avais, avant mon départ, même commencé à apprendre les bases du Portugais. Mais une fois confrontée à ma nouvelle vie, à mon nouveau travail et à la langue en question, les choses ont rapidement changées.

Mon travail à Lisbonne a été très prenant dès le premier jour. J’ai été embauchée par une grosse start-up anglo-portugaise pour développer le marché français en terme de marketing. L’entreprise en question venait de décrocher un gros investissement. J’étais la seule française, sur une centaine d’employés, et avec un contrat de travail de 6 mois renouvelable autant de fois que l’entreprise continuait à recevoir des investissements conséquents, je savais dès le départ que si le marché ne fonctionnait pas, mon contrat de travail ne serait pas renouvelé. Ce types de contrats temporaires sont monnaie courante dans l’univers des start-ups, mais l’envie d’un challenge, et le poste et le secteur d’activité me plaisant beaucoup, j’avais foncé tête baissée. J’ai quitté, à Londres, un poste en CDI, pour cette aventure un peu folle que l’un de mes anciens managers londonien m’a offerte sur un plateau, ayant lui-même été embauché comme directeur du marketing pour cette start-up.

Entre deux pays

J’ai pris, pendant mon premier mois à Lisbonne, des cours de Portugais le soir, que j’ai très rapidement abandonnés. Mes journées de travail se terminant à 21h et mes nombreux “voyages d’affaire” vers la France rendant impossible le fait de me rendre à ces cours de manière régulière. Au moment de mon arrivée au Portugal, j’ai également entamée une relation à distance avec quelqu’un resté en Angleterre. La relation devenant rapidement sérieuse et fusionnelle, j’ai eu l’impression que, même si j’aimais le Portugal et ma vie à Lisbonne, mon coeur se trouvait toujours à Londres. Les relations à distance, c’est bien connu, prennent beaucoup de temps et d’énergie, ce qui a contribué à un sentiment d’avoir le pied entre deux pays dès le début de mon expérience lisboète.

Globalement, déménager seule dans un pays dont la langue et la culture m’étaient totalement inconnues, avec une aide minime de la part de mon employeur pour m’assister dans les démarches administratives, a représenté une situation relativement épuisante (même si incroyablement enrichissante). J’ai rapidement compris que le Portugal ne serait qu’une très belle parenthèse dans ma vie, avant de rentrer en Angleterre, où je me sentirai à nouveau chez moi.

Un sentiment de culpabilité

J’ai très souvent été blessée par des remarques sur le fait que je ne parlais toujours pas le Portugais après quelques mois, faites par des Portugais aussi bien que par des étrangers qui parlaient le Portugais. Je les comprends, j’aurais pensé la même chose en Angleterre quelques mois auparavant, si j’avais été confrontée à quelqu’un n’apprenant pas activement l’Anglais après plusieurs semaines dans le pays. Vu de l’extérieur, le fait que je sois toujours incapable d’avoir une discussion basique en portugais devait en effet paraître, au mieux, risible, et au pire, désolant. Certaines personnes étaient plus agressives que d’autres, le degré de méchanceté (souvent involontaire) variant en fonction des situations et des profiles. Ma vie quotidienne était également sans cesse teintée de difficultées découlant de mon incapacité à parler le Portugais, comme le fait de ne pas pouvoir effectuer mes démarches administratives dans la langue du pays.

Aujourd’hui, je suis heureuse d’être rentrée en Angleterre, et malgré le fait que je ne parle pas le Portugais, le pays me manque beaucoup et j’aurais toujours un lien particulier avec Lisbonne. Je sais que j’ai une chance folle d’avoir vécu dans un pays aussi beau. J’ai appris pendant cette expérience que vivre et se sentir chez soi dans un pays dont la langue et la culture ne nous fait pas instinctivement rêver est difficile.

Jeff, l’exception qui confirme la règle ?

Cependant, une rencontre faite au Portugal reste gravée en moi, et vient chambouler toute ma théorie selon laquelle apprendre la langue du pays est une condition non négociable afin de s’intégrer et de se sentir chez soi. Lorsque je voyageais dans le sud du pays au printemps 2016, j’ai fait la connaissance de Jeff, un australien tenant un Bed & Breakfast dans la petite ville côtière d’Olhao, un vrai paradis sur terre. Jeff gérait son petit hôtel avec brio, tous les guides touristiques répétant qu’il s’agissait de l‘un des meilleurs endroits où dormir dans la ville. Au détour d’une discussion, Jeff m’a appris qu’il ne parlait pas un seul mot de Portugais, alors qu’il vivait à Olhao depuis près de 7 ans. Il aimait la ville, s’y sentait chez lui et semblait connaître les gens du quartier qui le saluaient lorsqu’ils le croisaient dans la rue. Ses employés portugais l’aidaient pour toutes les démarches administratives. Il avait l’air totalement décomplexé par le fait de ne pas parler la langue. Il était dans son élément, comme un poisson dans l’eau.

Serait-il donc possible que j’ai eu tout faux ? Peut-on se sentir heureux et intégré dans un pays dont on ne parle pas la langue ? Je suis curieuse de lire votre opinion si vous en avez une, basé sur vos valeurs ou votre expérience personnelle. Le débat est ouvert !


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Un projet de vie expat ou un changement de vie professionelle en vue ? Je suis disponible pour vous aider dans votre projet de vie à l’étranger, quel qu’il soit, et propose des séances d’aide et de discussion par Skype. Je propose également des cours d’apprentissage de l’Anglais de tous les jours, ou relatif à votre domaine professionnel. Pour en savoir plus, rendez-vous sur cette page !

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26 Commentaires

  • Clairement, vivre dans un pays dont ne parle pas du tout la langue me paraît très très difficile… et aussi très déprimant car en découle l’absence d’échanges sociaux. J’admire ton pote Jeff, c’est quand même dingue ce qu’il arrive à faire, je m’en sentirais bien incapable…

    • Merci pour ton commentaire Cindy. En effet, le cas de Jeff m’a vraiment intéressé, totalement à l’opposé de mon expérience personnelle. Je confirme que vivre ans un pays dont on ne parle pas la langue est compliqué, surtout si on ne part pas avec un package d’expat via une entreprise qui s’occupe de toutes les démarches pour toi. Je n’avais pas de problèmes au travail (entreprise de langue anglaise), ni dans ma vie sociale car nous nous parlions tous en Anglais, mais les tâches du quotidien (supermarché, administration, recherche d’appartement etc) étaient franchement compliquées dès qu’un problème survenait ! Pas simple donc comme expérience, mais enrichissant en même temps.

  • Je pense que ne pas apprendre la langue officielle du pays nous met dans une certaine illegitimité difficile à surmonter, un état de faiblesse face aux aléas de la vie quotidienne. Mais peut être sommes nous drillées à nous conformer ( contrairement à Jeff l’Australien!) . En tout cas moi je sais que je ne me sens pas intégrée en Belgique parce que ma connaissance en flamand est trop superficielle et donc du coup c’est la moitié de ce (petit!) pays qui m’est fermée! Même si je parviens à lire et cmprendre cette langue, e n’est pas suffisant pour avoir un job par exemple

    • Merci Anne d’avoir partagé ton expérience avec nous ! Ton cas est très intéressant car tu es dans un pays « bilingue », mais la maitrise des deux langues reste une condition nécessaire pour s’intégrer pleinement. C’est différent par exemple au Québec, où parler l’Anglais n’est pas si courant, et n’a pas vraiment d’impact sur le fait de trouver un emploi ou de s’intégrer. (d’après mes amis québecois). Le fait que Jeff puisse s’intégrer au Portugal sans parler la langue m’a fait me demander en effet si nous ne sommes pas conditionnés, mais je pense qu’il avait une personnalité vraiment décomplexée… à l’extrême !

  • bonjour, si je puis me permettre, une idée comme ça: en tant que linguiste ou polyglotte (ce qui était ton cas) il était inimaginable pour toi de ne pas apprendre la langue du pays (d’ailleurs, tu avais commencé par prendre des cours avant de les abandonner); pour d’autres types de gens qui n’ont pas du tout la fibre des langues – ça existe, j’en ai recontrés en France comme en GB [et même en Belgique pays doté de 3 langues officielles, mais j’avoue que c’est plus rare ici tout de même :-)] – apprendre une autre langue est tout simplement impossible. ils peuvent essayer, ils n’y parviendront jamais. Les anglophones en particulier peuvent se le permettre puisque partout dans le monde, on les comprend (plus dur pour un islandais ou un chinois, j’en conviens). Et comme ils ne sont pas linguistes ils n’en conçoivent aucun complexe, ni aucune déception. Un peu comme si on t’avait demandé de passer ton permis poids lourd (ou moto, je ne sais), ou un autre truc à des millions d’années lumière de toi: tu aurais juste rigolé en disant que c’était impossible et tu serais passée à autre chose. Surtout si tu pouvais te débrouiller autrement (j’imagine qu’en tenant son B&B ses clients sont surtout étrangers et il a du personnel pour les démarches locales et communiquer avec les fournisseurs…). C’est juste mon avis de linguiste complexée si elle ne comprend pas tout – qui du coup ne voyage pas très loin…

    • Bonjour Claire, et merci beaucoup pour ton commentaire, qui me fait réfléchir davantage à ce sujet qui m’intéresse beaucoup. Je trouve ton argument vraiment juste : certaines personnes n’ont pas la fibre des langues du tout, c’est une réalité, et j’en connais. Tout comme je serai bien incapable de conduire un poids lourd, c’est certain ! Elles n’ont simplement pas cette fibre, et même si je l’ai pour l’Anglais, je ne l’avais pas vraiment pour le Portugais. Il y a pas mal de raisons potentielles à ça (j’étais beaucoup plus jeune quand j’ai appris l’Anglais, j’avais une passion pour les cultures anglophones etc). Mais le point important qui m’est venu en lisant ton commentaire est : si certaines personnes sont par nature presque inaptes à apprendre une langue étrangère une fois adultes parce qu’elles n’ont tout simplement pas cette compétence, est-ce que cela veut dire qu’elles devraient se priver de l’expérience de vivre à l’étranger, dans un pays qu’elles aiment mais dont elles ne parlent pas la langue ? Bien entendu, la réponse est non 🙂 Tout le monde a le droit de vivre et de profiter d’un pays qu’ils aiment même si en apprendre la langue est difficile pour eux. Cela ne veut pas dire qu’ils ne respectent pas le pays ou n’en aiment pas la culture (comme moi au Portugal). Intéressant, merci pour d’avoir partagé cette idée ! En tout cas, continue à voyager même si tu en comprends pas tout, je ne comprends pas tout non plus en dehors des pays anglophones et francophones mais j’aime toujours autant visiter de nouvelles villes/pays… Bonne journée à toi, Gabrielle.

  • j’ai vécu aux Philippines pendant quelques mois, mais je n’avais clairement pas le temps de prendre des cours de la langue locale, le tagalog. La langue officielle à mon bureau était l’anglais, je donnais d’ailleurs aussi des cours d’anglais à mes collègues philippins. Et même si la plupart du temps on s’en sort pas mal à Manille avec seulement l’anglais (ancienne colonie américaine donc anglais largement diffusé), ne pas parler tagalog m’a bloquée dans la vie de tous les jours. Je détestais les repas du midi au boulot parce que j’étais la seule étrangère et que mes collègues ne faisaient pas forcément l’effort de parler anglais entre eux donc je me suis sentie mise à l’écart souvent, même si je comprends très bien qu’ils aient continué à parler tagalog entre eux. Je regrette de n’avoir appris que quelques mots.

    • Je crois que nous sommes dans la même situation… Je n’avais pas du tout le temps d’apprendre le portugais au delà de quelques mots, mais je le regrette quand même, surtout parce que c’est un pays que j’ai adoré et qui me manque beaucoup. Comme toi avec les Philippines j’imagine ! Quelle expérience ça a du être…

  • Bonjour merci pour cet artcile.Je suis macedonienne je suis professeur de francais (langue etrangere) je parle (anglais,serbe.bulgare,allemand (niveau A2 ) et mainetenant je veux d’aller a Istanbul pout y rester et travailer,je ne sais pas le turc mais j’ai commence d’apprendre il y a un mois.Je pense que les polyglottess ont plus de possibilites que d’autres.

    • Bonjour Sashka, merci pour ton commentaire ! C’est bien vrai, le fait d’avoir la chance de parler plusieurs langues aide énormément 🙂 En tout cas tu écris bien le Français, bravo ! Bonne chance en Turquie, à très bientôt, Gabrielle

  • Bonjour Gabrielle,

    Je ne parle pas portugais, mais tout comme vous, je parle Allemand et Anglais. Serait-ce possible que vous me donniez quelques tuyaux pour trouver un emploi dans le même domaine que celui que vous avez eu s’il vous plaît ?
    Merci d’avance et bien à vous,

  • Pour avoir vécu en France puis en Israel, sans en parler la langue hébreu malgré la bonne volonté mais pas les capacités, j’ai l’impression chaque jour de m’isoler un peu plus des israéliens, de vivre cloîtré devant mon ordinateur par rapport à mon travail en langue francaise…Je vis mal cette frontière, et je transmet ce malaise autour de moi, mes enfants et mon mari parlent très bien depuis ces 10 ans dans ce beau pays, et pourtant je vis très mal de ne pas pouvoir communiquer, de lire dans les yeux des autres  » cette fille est dingue » ou mes enfants devenant mes « maîtres » d’école…J’aurai prie pour au moins parler l’anglais, mais mime pas …se sentir bête, en plus. Que conclure ou dire ? Ne partez pas sans parler la langue d’un pays…ne partez pas car nous n’avons pas tous la possibilité de retourner dans son pays d’origine même si ce pays d’accueil est agréable.

    • Bonjour Lyne, et merci beaucoup pour ce commentaire, si touchant et sincère ! Je comprends totalement votre ressenti, pour avoir vécu cette situation dans laquelle vous vous trouvez pendant deux ans. C’est beaucoup plus difficile qu’on ne pense de vivre dans un pays dans en parler la langue, alors que c’est un pays qu’on aime vraiment (comme vous avec l’Israel, ou moi avec le Portugal). Parfois, la volonté d’apprendre est là, mais les circonstances font que la chose n’est pas possible. Merci d’avoir partagé avec moi votre expérience Lyne ! Belle continuation dans votre si joli pays d’accueil, Gabrielle

  • Salut Gabrielle !
    Très intéressant cet article ! J’ai moi aussi vécu à l’étranger (Angleterre, Canada et USA) et j’en ai appris l’anglais en profondeur (grammaire, conjugaison, accent, expressions locales) car, comme toi, c’était un objectif important et je voulais me sentir chez moi dans les pays où je vivais. Je voulais aussi me faire des amis locaux qui n’allaient pas toujours me classer comme la française qui ne parle pas l’anglais comme il faut. J’avoue que je ne m’étais jamais posée la question de vivre dans un pays étranger et de ne pas parler la langue. C’est clair qu’à partir du moment où on parle l’anglais, il y aura toujours moyen de ce débrouiller, mais n’ayant jamais été dans la situation où tu as été, je dois dire qu’à aujourd’hui, mon point de vue reste sur le fait d’essayer d’apprendre la langue des pays dans lesquels je veux vivre. Ça va d’ailleurs être le cas bientôt, je pars en Argentine pour environ 1 an d’abord puis pour un voyage dans toute l’Amérique du Sud sur une seconde année. Comme je n’ai jamais fait d’espagnol à l’école et que j’aimais pas vraiment l’Italien, je ne suis pas une experte dans langues latines non plus alors je vais devoir mettre les bouchées doubles pour apprendre la langue. Surprise, peut-être que je comprendrais mieux ce que tu as pu vivre… Et désolée pour ce commentaire si long ^^’

  • « J’ai appris pendant cette expérience que vivre et se sentir chez soi dans un pays dont la langue et la culture ne nous fait pas instinctivement rêver est difficile. » »

    Tout d’abord merci pour votre article très intéressant sur votre expatriation au Portugal alors que vous ne connaissiez pas la langue de ce si beau pays.
    Je me permets de vous citer car c’est exactement la situation dans laquelle je me trouve dans mon apprentissage de l’anglais où je plafonne à un niveau intermédiaire. Je sais pourtant que je suis en train à remédier à cette lacune, non sans efforts.
    Le monde anglophone m’attire bien peu, son impérialisme linguistique m’est insupportable, comme tout impérialisme linguistique d’ailleurs qui entend nier la diversité linguistique et donc culturelle du monde. Pourtant, je vais partir cet été en l’Irlande et espère être charmé par ce pays qui ne manque pas d’atouts. Hors cadre touristique, vivre dans un pays anglophone pour la première fois et non plus y être de passage devrait m’apporter beaucoup j’en suis sûr. Je n’ai pas le choix : l’anglais m’est en effet indispensable pour ma carrière professionnelle, mais comme j’ai tendance à d’abord apprendre les langues sous un angle culturel qui me séduit particulièrement, pour l’instant avec l’anglais je le cherche encore. Tout juste sais-je que la séduction viendra des îles Britanniques, en rien des Etats-Unis.
    L’été dernier j’étais justement à Lisbonne pour un mois intensif de cours de portugais. J’avais alors un niveau intermédiaire et suis maintenant toujours plus proche de parler couramment cette langue qui ne cesse de m’émerveiller. Ces sonorités peu communes, peu entendues, son Histoire avec le monde… car oui le portugais est une « langue-monde » comme l’anglais, et même bien avant ce dernier. Bref, la langue portugaise et les cultures qui s’y rattachent sont devenues une passion pour moi. Passion que je ne pouvais en rien soupçonner il y a quelques mois, pour moi qui n’en suis pourtant pas à ma première langue latine (c’est en fait ma troisième après mon apprentissage de l’espagnol et de l’italien), mais qui n’avais jamais ressenti le besoin personnel comme professionnel de parler couramment le portugais un jour.
    A Lisbonne je vivais dans une colocation internationale. De la Corée à la Colombie en passant par le Brésil et le Canada. Devinez qui était là depuis près deux de mois et ne savait toujours pas prononcer un seul mot de portugais, en implorant donc ces colocataires de lui parler en anglais ? Je dois dire qu’un tel comportement m’a profondément irrité, pour une personne qui visiblement vit toujours à Lisbonne depuis. En effet, dans cette situation, l’anglais n’est pas un dû, mais simplement une option. Quand je suis dans un pays anglophone, je m’efforce de parler cette langue du mieux possible, mais quand le pays où je me trouve n’a rien d’anglophone, je ne vois pas pourquoi je devrais m’exprimer systématiquement dans cette langue.
    Tout cela pour dire que je peux comprendre votre manque d’attirance pour le monde latin. Je suis moi-même peu attiré par les langues germaniques et pourtant je sais que j’apprendrai l’allemand avec plus de plaisir que l’anglais dans quelques mois. C’est curieux. Cela dit, malgré l’exemple de votre rencontre avec un anglophone, ne pas parler la langue d’un pays, quel qu’il soit, c’est passer à côté de l’essentiel selon moi. On ne le rencontre finalement jamais pleinement, faute de le comprendre et je ne peux me résoudre à cette situation de non-communication permanente. J’ai besoin de comprendre la terre qui m’accueille. Question de point de vue.
    Ma passion pour les langues (latines) au départ, est en train de se compléter petit à petit avec la connaissance de l’anglais et celle future de l’allemand. Je suis bien décidé à apprendre cette dernière.
    Comme quoi, l’ouverture d’esprit c’est peut-être d’aller vers ce qui nous attire le plus dans un premier temps, pour finalement explorer des chemins que l’on juge moins séduisants de prime abord et qui pourtant pourront aller jusqu’à transformer notre vie. La connaissance de toute langue change en effet définitivement notre vie.
    Bonne continuation sur votre blog.

  • Bonjour, merci tout d’abord pour vos articles vraiment intéressant.

    J’aimerais partager avec vous ma propre expérience, je fait partie de ces gens qui ont un gros problème avec les langues en général, même ma langue natale, le français, regorge encore de mystères pour moi (principalement niveau orthographique ou grammatical) je suis dans la case des dyslexiques, dysorthographiques au autres troubles dys.
    J’habite depuis bientôt un an au Portugal avec mon compagnon (qui lui est portugais) et je ne parle toujours pas la langue…
    J’entends déjà les hurlement des linguistes : « voilà le problème, vous ne parlez pas le portugais entre vous ! -Tu ne fais pas d’efforts !- tu devrais te mettre en immersion complete! »
    Exercera…
    Mais je vais vous expliquer pourquoi pour quelqu’un comme moi -qui n’a pas cette « fibre linguistique » – c’est totalement faux.

    Le fait de parler français entre nous me permet tout d’abord de me reposer la tête de tout ce que j’entends couramment et me permet donc d’assimiler plus naturellement le language sans être « saturé », ça permet aussi à mon compagnon de m’expliquer ce qu’il se dit, pourquoi ça a été dit, et surtout la culture qui permet de dire tel ou tel chose, d’avoir tel ou tel comportement.
    Par ailleurs quand j’en ai ressenti le besoin et l’envie par moi même, j’ai commencé à faire mes courses, aller au café ou au tabac seule, sans y être forcé par autrui ou une société qui voudrait qu’on soit bilingue dès les premiers mois, ce qui m’a permis d’assimiler à mon rythme la langue et les comportements de cette autre culture.
    Bien sûr, durant les premiers mois le regard des natifs était gênant car ils voulaient que je soit en mesure de discuter avec aux sans faire de fautes (surtout que les portugais adorent parler), mais au final ils se sont habitués et aujourd’hui ils essaient de m’encourager en parlant lentement et avec des gestes, ce qui est beaucoup plus agréable et me permet d’apprendre encore plus de vocabulaire et de tournure de phrases, et sans même parler je commence à comprendre ce qu’ils disent.
    De plus, la présence de mon compagnon bilingue m’a permis d’être constamment en contact avec des portugais, donc d’écouter leurs conversations. Quelques fois je pose des questions de vocabulaire, ou simplement le sujet de la discution, et j’essaie de comprendre au mieux le sens général de chaque phrases.
    Il s’agit de faire beaucoup d’efforts de concentration, et à vrais dire je décroche au bout d’une heure, mais ce n’est pas bien grave, même sans parler je peux bien m’amuser et rire comme tout le monde, et plus le temps passe, plus je comprends, plus je reste concentré longtemps.
    Donc au bout d’un an je ne parle pas le portugais, mais je le comprends un peut, je commence à lire des livres (au rythme d’une page par semaine mais c’est déjà ça) … J’ai aussi une méthode « assimil » qui complète un peu le vocabulaire, mais comme ce n’est pas des tournures de phrases utilisé couramment c’est difficile à intégrer. Je précise que dans la petite ville où je suis, il n’y a pas de cours français-portugais.

    Au final j’apprends « comme un bébé », petit à petit la bouillie que j’entendais se détache en phrase, qui se détache en mots, puis ces mots finissent par avoir un sens en fonction de la situation. Je sais que ça prendra du temps, peut être que l’année prochaine je dirais « mes premiers mots », mais dans quelques années je pourrais être bilingue comme les personnes qui n’ont pas de difficulté avec les langues ! (J’espere quand même qu’à ce moment je me souvienne du français!)

    Petites anecdotes rigolotes :
    Récemment en retournant en France, mes proches m’ont dit que j’avais un drôle d’accent, et des personnes rencontrées m’ont demandé de quel pays je venais, preuve que malgré tout j’assimile ma nouvelle langue !
    Depuis quelques temps mon compagnon me fait remarquer que je répond (en français) à mes interlocuteurs sans même me rendre compte qu’ils me parlent en portugais !

    En tout cas je voudrais encourager les personnes ayant des difficulté avec les langues à voyager et pourquoi pas s’expatrier aussi, bien que le chemin soit plus difficile c’est tout à fait possible ! Il ne faut pas lâcher prise et mettre de côté le « qu’en dira-t-on », se décomplexer des attentes des autres, chacun fait à son rythme avec ses facilités ou difficultés.

    Merci si vous avez lu mon pavé ^^

    • Bonjour et un grand merci pour ce commentaire ! J’ai tout lu, et avec beaucoup d’intérêt, car ce sujet me passionne. Tu verras, un peu plus bas dans les commentaires de cet article, qu’une femme nommée Claire – à qui j’ai répondu – a laissé un commentaire très similaire au tiens, expliquant que malheureusement, malgré toute la bonne volonté du monde, elle n’avait simplement pas la fibre des langues. Il s’agit donc d’une réalité : de nombreuses personnes vivent dans des pays dont elles ne parlent pas la langue, et souvent pas par arrogance ou mauvaise volonté, mais pour d’autres raisons plus complexes. Dyslexie, difficulté globale à apprendre des langues étrangères, poste sur place dont la langue est l’anglais ou le français, les raisons sont multiples ! Comme toi, j’ai assez mal vécu les jugements souvent hâtifs et sans appel de nombreuses personnes rencontrées qui me critiquaient ouvertement de ne pas parler couramment portugais alors que je vivais au Portugal, sans connaître du tout mon profil, mes circonstances personnelles etc. Dis-toi que je suis toujours sujette à ce types de jugements aujourd’hui, un an et demi après avoir quitté le Portugal. Lorsque je rencontre de nouvelles personnes à qui je dis que j’ai vécu au Portugal, elles me demandent souvent si je parle portugais, et quand je réponds que « non, très peu malheureusement », certaines ne se gênent pas pour me faire une remarque désobligeante, et ce sans rien savoir de moi, ou – comble de l’ironie – que je suis en train d’avoir cette discussion avec eux en anglais, qui n’est pas ma langue maternelle, preuve que j’ai à un moment appris une autre langue étrangère et que je ne suis donc pas hermétique à la chose ! Dans ton cas, je sens que les Portugais qui te connaissent ont compris que tu apprends à ton rythme et souhaitent t’aider, ce qui est une excellente nouvelle. J’ai toujours trouvé que la meilleure défense face aux personnes qui attaquent sur ce point précis est tout simplement de leur expliquer patiemment pourquoi tu ne parles pas (encore 😉 ) portugais, et j’ai l’impression que c’est la tactique que tu as choisie aussi ! Au plaisir de te lire à nouveau, en te souhaitant des jours heureux au Portugal, ce magnifique pays ! Gabrielle

    • Bonjour,

      Je vis exactement la situation. Français vivant au Portugal.
      Au Portugal depuis 2 ans déjà, je ne sais toujours pas faire de phrases correctes!
      J’ose quand même sortir faire des courses. Les portugais sont avec moi, adorables et très compréhensifs. Vrai qu’ils aiment parler et que beaucoup aimeraient m’entendre parler Portugais.

      Comme vous, je connais déjà des difficultés avec le français, ma langue natal!!!
      Mais j’apprends petit à petit grâce à mon fils de 4 ans qui lui est bilingue…dans une même phrase aussi de temps en temps!
      Et je comprends ce besoin de parler encore Français à la maison, pour que mon fils ne l’oubli pas! Ce qui est très important pour moi, et pour lui plus tard je pense…

      • Bonjour Yann, merci beaucoup pour votre commentaire et le partage de votre expérience ! C’est parfois vraiment difficile d’apprendre une langue, même avec de la bonne volonté, je comprends tout à fait. C’est une vraie chance pour votre fils de pouvoir déjà parler deux langues, et comme vous dites, vous progresserez avec lui !

  • Bonjour Gabrielle,

    Je viens de découvrir ton blog et je trouve tes articles et partages très intéressants!
    Peut-on se sentir heureux et intégré dans un pays lorsque l’on ne parle pas la langue? Très bonne question (je m’excuse à l’avance du roman, mais cela a suscité plein de réflexions que j’ai envie de partager avec toi et les autres lecteurs)…!

    Début de réponse par rapport à mon expérience personnelle : il y a 10 mois encore, je t’aurais dit que non, mais maintenant, j’ai un avis bien plus nuancé sur la question.

    Tout d’abord, j’ai un rapport un peu complexe avec la question de la maîtrise de la langue locale, car étant Québécoise (maintenant expatriée en Allemagne), la question linguistique vient toujours toucher toujours ma corde sensible. Même si je reste tolérante et ouverte d’esprit, j’ai encore un peu de mal à comprendre comment des gens peuvent habiter au Québec depuis plusieurs années, sans maîtriser le français et sans connaître la culture québécoise minimalement… Cela dit, au fil de mes voyages, expériences et rencontres (à l’étranger comme au Québec), même si je persiste à croire que maîtriser la langue locale est le gage d’une intégration réussie et, à mes yeux, une marque de respect pour le pays d’accueil, j’ai compris que pour plein de raisons, ça ne se passe pas toujours ainsi, et que ce sujet est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît…
    Comme tu l’as mentionné, cela dépend beaucoup des raisons amenant une personne dans un pays XYZ. Est-ce tout simplement par amour de la culture et de la langue? Est-ce pour suivre ou rejoindre l’être aimé? Est-ce pour une opportunité professionnelle fort intéressante? Est-ce pour vivre dans un pays qui a une stabilité politique et où les droits et libertés sont respectés? La liste des raisons peut être longue…

    Je suis personnellement venue en Allemagne, car c’était mon rêve. J’étais passionnée par la langue et la culture, et en 2014, j’ai eu un appel très très fort pour l’Allemagne. Les 2 ans et ¾ précédant mon arrivée ici, je me suis vraiment donné corps et âme dans l’apprentissage de l’allemand.

    Aujourd’hui, presque 10 mois après mon arrivée j’ai un niveau intermédiaire avancé qui me permet de m’en tirer dans toutes les situations, mais il reste très difficile pour moi de comprendre facilement des conversations plus poussées entre des locuteurs natifs.
    En arrivant ici, je me disais : je vais fuir les francophones, je ne veux que socialiser avec des Allemands, je vais m’immerger le plus possible dans la culture, etc. Constat actuel : Je l’ai fait au début, mais à un moment donné, on se rend compte qu’on ne peut pas non plus renier qui on est et d’où on vient. J’ai également rencontré un homme extraordinaire avec qui je partage maintenant ma vie. Il est Allemand, mais parle très bien français… Ce qui fait que le français est notre langue principale de communication – et parfois on me dit : ‘’mais pourquoi ne vous forcez-vous pas à ne parler qu’en allemand à certains moments préétablis?’’… Oui bien sûr! On essaye de parler allemand ensemble, mais : 1) c’est difficile, car quand il parle allemand, il parle vite et marmonne un peu, alors j’ai du mal à le comprendre, ce qui peut devenir pénible quand le but est tout simplement d’échanger avec son amoureux; 2) cela changera peut-être dans le temps, mais c’est très naturel pour nous de communiquer en français. Mon cercle social? J’ai bien rencontré des Allemands et d’autres expats fort sympathiques, mais au final, le hasard a fait que j’ai rencontré des francophones super sympas avec qui ça a tout de suite cliqué, et qui sont maintenant de très bons amis… Aurais-je dû renier ces coups de cœur amicaux pour préserver/maximiser mon apprentissage de l’allemand et mon intégration en Allemagne?

    Alors voilà… Pour en revenir à ce que je disais au début, je me rends maintenant compte à quel point les choses sont beaucoup plus complexes qu’elles n’y paraissent concernant cette question.

    Maintenant, j’ai compris que le plus important, c’est de trouver un équilibre entre mon bien-être personnel (donc avoir de bons amis, avoir une communication fluide et agréable avec mon copain) et mes objectifs de vie, particulièrement concernant mon expatriation ici. Cela prendra encore bien du temps, et je sais que je connaîtrai certainement des moments de découragement, mais je ne perds pas de vue l’objectif que j’avais en arrivant ici : parler un jour l’allemand aussi couramment et parfaitement que possible 😉

    • Bonjour Hélène-Gabrielle, et merci beaucoup pour ce commentaire, et d’avoir partagé ton expérience avec moi ! J’aime beaucoup la manière dont tu dis que ton point de vue à évolué sur cette question, c’est exactement mon cheminement personnel également. Mon expérience au Portugal m’avait déjà fait changer d’avis, et depuis que je lis les nombreux témoignages allant dans ce sens suite à cet article, je me rends compte qu’il s’agit réellement d’une question plus compliquée qu’elle n’en a l’air. Concernant ton niveau d’Allemand, cela ne fait « que » 10 mois que tu es là-bas… Je suis certaine que tu vas continuer à t’améliorer, et en attendant tu es avec quelqu’un qui parle ta langue natale, ce qui est aussi un réel atout pour une vie à deux (cependant, de nombreux lecteurs me disent que cela ne les dérange pas que leur conjoint ne parle pas leur langue natale… Une autre question pas si simple qui mériterait un article, tiens !). Belle continuation en Allemagne, pays pour lequel je partage ta passion, Ich liebe Deutschland ! <3 😉 Gabrielle

  • Tu as tout de meme quelques excuses dans ton histoire. Des horaires importants, une relation prenante a distance… Bref. Parfois la vie ne nous ammene pas toujours les choses naturelllement et il est bon aussi, de connaitre ses limites et de les accepter. Si on n’echoue jamais dans un domaine, il est impossible de bien se connaitre. Au l’occurence, c’est ton cas 🙂

  • Bonjour Gabrielle,
    Mon expérience perso. Tout d’abord j’ai 64 ans… C’est utile de le savoir. Pour ce qui me concerne, je vais parler de la Grèce. Là déjà, on a un problème avec l’alphabet. Il faut se cramponner et découvrir non seulement une autre langue mais un autre alphabet. Je connais la Grèce depuis plus de 30 ans pour y avoir été maintes fois en vacances. C’est un pays que j’adore, comme le Portugal d’ailleurs où je suis allé plusieurs fois aussi. Et maintenant, jeune retraité et vivant seul, j’ai décidé d’y passer 6 mois par an du printemps au début de l’automne. Alors… je lis le grec, et peux comprendre des phrases simples de la vie de tous les jours. Mais je comprends parfaitement ton ressenti et ce sentiment de culpabilité qui nous habite qd après de longs séjours on ne parle toujours pas la langue du pays. On m’en fait souvent le reproche, disons plutôt la remarque. Et ça n’empêche que j’adore ce pays, ses habitants, leur gentillesse et tout et tout… mais j’ai réussi à m’adapter et à séjourner de longs mois sans pour autant parler la langue. C’est une langue très difficile par sa grammaire complexe, comme le français. C’est là que l’on se rend compte que l’anglais est simplissime grammaticalement. Mais ce que j’adore surtout, c’est en parlant (baragouinant…) avec des grecs je découvre multitude de mots français avec une racine grecque… et toujours dans la langue soutenue. Exemple : Hopital se dit Nosokomio… (j’écrit en phonétique); nous on parle de maladies contractées à l’hôpital de nosokomiales… la lune… en langage soutenu on parle de l’astre sélène… en grec, la lune c’est Sélini…le dentiste… c’est odhondoyatros… on en a fait odontologue pour le dentiste spécialiste… et des milliers de trucs comme ça… Donc, pour finir… on peut aimer follement un pays, chacun s’y impliquant à sa façon, avec ses capacités et son ressenti…

    • Bonjour Philippe, merci beaucoup pour ce commentaire passionnant ! J’ai adoré vos anecdotes linguistiques, découvrir que tant de mots viennent du grec et fascinant. J’imagine en effet que le fait d’apprendre une langue étrangère dont l’alphabet est différent du nôtre n’est pas chose aisée… Merci à vous d’avoir pris le temps de partager cela avec moi ! J’ai trouvé votre commentaire si intéressant que je l’ai lu à mon mari et à une amie (tous les deux britanniques), ce qui a mené à une discussion sur les différences linguistiques. Je vous souhaite une bonne continuation en Grèce ! A très bientôt, Gabrielle

  • Merci pour ce témoignage sincère. Je mesure du coup à quel point c’est une réussite que j’aime apprendre le suédois, pays où j’ai décidé de m’installer, et que je continue à prendre les cours sur place, un an et demi après mon arrivée, avec toujours la même envie.
    En apprenant le suédois, mon anglais est devenu plus difficile. Si je le parlais au début de mon installation, j’ai compris qu’il fallait plutôt se mettre à parler suédois en dehors des cours et dans la vie courante pour devenir comme tout le monde. Dans mon coeur et dans ma vie je veux donner la seconde place au suédois, avant l’anglais.
    Le revers c’est que je me retrouve souvent agacée lorsque je suis entourée d’anglophones, et j’ai complètement perdu le plaisir de parler anglais. Ca m’importune même vraiment, pour dire vrai, d’autant plus que beaucoup d’étrangers, sous prétextes que les suédois ont un très bon niveau d’anglais, se contentent de l’anglais, même s’ils vivent ici depuis pas mal d’années.
    Je crois qu’il y a vraiment deux mondes séparés, selon la langue qu’on choisit de parler. Les métiers possibles, les lieux ou invitations auxquels on a accès, les amis que l’on fréquente ne sont pas les mêmes selon la langue qu’on parle en Suède. Ces deux mondes sont rarement amenés à se rencontrer selon mon impression, et on ne se rend même pas forcément compte que l’autre monde existe.
    Quand je suis entourée d’anglophones, je sens mes rêves menacés et vis leur présence comme un inconvénient à ma propre intégration. J’ai peur qu’à terme la langue suédoise disparaisse et la culture scandinave pour laquelle j’ai migré, avec.
    Pourquoi choisir un pays d’adoption si l’on n’est pas pleinement en accord avec ? Cela risque de mettre en péril ce qui nous a donné envie de venir… Suis-je trop dure ? :/

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